Le terme « désertification » a été utilisé pour la première fois au début du XXème siècle et son usage s’est rapidement propagé en Afrique coloniale, soutenu par la force de l’image de l’avancée du désert. Dès l’origine, les causes de la désertification ont été associées à l’aridification climatique (la « dessiccation ») et à la dégradation de l’environnement, plus particulièrement celle du couvert végétal (déforestation, savanisation…) et des sols (érosion éolienne, ruissellement, perte de fertilité…).
Puis, elle a été principalement associée à une mauvaise gestion de l’environnement par les populations rurales. Cette dévalorisation des modes de gestion paysanne de l’environnement s’est maintenue après les indépendances, surtout parce que la productivité de l’agriculture familiale ne répondait pas aux aspirations productivistes et modernistes des nouveaux États. Mais les sécheresses des années 1969-1973, puis des années 1983-1984, ont fait à nouveau pencher la balance vers les causes climatiques — une analyse renforcée depuis par les perspectives de l’impact du changement climatique.
La sévérité de la crise environnementale, sociale et économique qui a accompagné les sécheresses des années 1970-1980 a largement médiatisé le terme désertification et initié son institutionnalisation, parallèlement aux notions de changement climatique et de biodiversité.
Cet ouvrage apporte des réponses aux questions relatives à la nature du phénomène de désertification, son étendue géographique, sa relation avec les déserts, avec les variations et le changement du climat, ainsi qu’aux questions sur les causes de dégradation de la végétation et des sols et sur leurs conséquences sur les écosystèmes, la biodiversité, les ressources en eau, le climat, mais aussi leur impact sur les sociétés humaines et l’économie. Il traite également des stratégies d’adaptation et des méthodes de lutte contre la désertification, avant d’apporter des réponses aux questions sur l’historique de ces adaptations et de ces luttes, sur les dispositifs mis en place aux niveaux local, national et international, et sur les efforts de la recherche et de la formation dédiées. Tout au long de l’ouvrage, le lecteur est amené à comprendre que la désertification, et donc la lutte contre la désertification, doit être abordée en tenant compte de leur complexité, qu’elle soit biophysique ou socioéconomique, ou qu’elle touche la diversité des acteurs, des échelles d’étude et d’action. De même, la dynamique spatiale et temporelle des causes et des solutions est une dimension essentielle dans la réflexion.