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Comité Scientifique Français de la Désertification

French Scientific Committee on Desertification
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Projection-débat du CSFD : fausses idées et vraies solutions de lutte contre la désertification

Une centaine de personnes – chercheurs, enseignants, acteurs de la société civile, étudiants, etc. − de France et de l’étranger (Maghreb notamment) était au rendez-vous du 5 octobre pour l’événement organisé par le Comité Scientifique Français de la Désertification (CSFD), en partenariat avec Agropolis International, dans le cadre de la Fête de la Science 2020. 

L’événement, tenu à la fois en présentiel (amphithéâtre d’Agropolis, Montpellier) et en direct interactif, avait pour objectif d’alerter, communiquer, sensibiliser tout un chacun à un des plus grands défis de l’humanité : la désertification…

Un documentaire ARTE et des scientifiques de haut rang 

Le documentaire projeté a été spécialement conçu pour cet événement à partir d’extraits de « Planète sable » (ARTE, MONA LISA Production), diffusé par ARTE en 2015, et qui avait alors eu un grand écho au niveau de l’audimat. Cette projection a été ensuite suivie d’un débat avec des experts français reconnus aux niveaux national et international :

  • Manon Albagnac (représentante de la société civile de l’Europe de l’Ouest, présidente du panel des organisations de la société civile à la Convention des Nations Unies de lutte contre la désertification, Centre d’Actions et de Réalisations Internationales, CARI), 
  • Fadhila Bacha (étudiante, Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier, IAMM), 
  • Bernard Bonnet (géographe, agronome et zootechnicien, Institut de recherches et d’applications des méthodes, Iram)
  • Robin Duponnois (écologue microbien, spécialiste de la symbiose mychorizienne, Institut de recherche pour le développement, IRD)

En présence des présidents d’Agropolis InternationalPatrick Caron, et du CSFD), Jean-Luc Chotte.

Un problème sociétal, scientifique et politique, méconnu 

Force est de constater que la désertification est un phénomène méconnu et peu médiatisé. Malgré son faible écho dans les médias, les enjeux de la désertification sont pourtant fondamentaux pour l’humanité. L’événement du 5 octobre a été l’occasion de balayer certaines des idées reçues récurrentes qui malheureusement persistent encore aujourd’hui… Entre autres points soulevés lors des débats, citons :

  • La désertification et la dégradation des terres ne sont pas des phénomènes anecdotiques.  
    En effet ils touchent près de 40 % des terres émergées de tous les continents et 38 % de la population mondiale − plus de 2 milliards d’individus ! − dont la majorité (90 %) vit dans des pays en voie de développement. Ces phénomènes, complexes, ne se limitent pas au seul continent africain contrairement aux idées reçues ! On estime que 70 % des écosystèmes terrestres (en dehors des terres gelées) sont exposés à la dégradation dans une centaine de pays et sur tous les continents, avec des conséquences parfois dramatiques pour l’homme : pauvreté, famine, migrations, conflits…
  • La désertification est comprise, à tort, comme l’extension des déserts existants, alors qu’il s’agit d’un phénomène complexe de dégradation des terres due aux activités humaines, − notamment à des pratiques agricoles inadaptées et à des changement d’usage des terres en zones sèches, là où les pluies sont faibles, irrégulières − et amplifié par le changement climatique. Les problèmes sécuritaires notamment au Sahel, constituent un facteur aggravant de dégradation des terres, avec la progression des mouvements armés et la démission des États…
  • Le pastoralisme, n’est pas, contrairement aux idées souvent reçues, une activité qui dégrade les sols. 
    Bien au contraire, cette activité millénaire, si elle est raisonnée, est particulièrement pertinente, avec des techniques d’élevage adaptées aux ressources rares comme l’eau et le fourrage. Les éleveurs sont d’ailleurs bien intégrés dans la gestion des ressources naturelles.
  • Planter des arbres ne suffit pas pour lutter. 
    Par exemple, la grande muraille verte mise en place au Sahel pour lutter contre la désertification, n’est pas « juste un mur d’arbres » mais une mosaïque de projets (notamment agroécologiques) qui visent à la fois la lutte contre la désertification et le développement des populations locales.
  • Les populations locales sont des acteurs incontournables de la lutte contre la désertification. 
    En effet, les populations locales sont d’ailleurs les premières à être touchées par les impacts de la désertification. Il existe de nombreux exemples où les populations locales mettent en place des actions préventives pour préserver les sols ainsi que des systèmes d’exploitation agricoles durables − à l’image des oasis millénaires qui ont su s’adapter aux chocs climatiques – et une gestion durable des ressources naturelles dont elles dépendent étroitement. Ces mêmes populations ont su développer des techniques de revégétalisation et de restauration des terres dégradées. Aussi leur rôle dans la lutte contre la désertification et leurs savoir-faire ancestraux sont essentiels. Certaines expériences ont démontré par le passé que si les populations locales ne sont pas mobilisées, les projets de lutte contre la désertification sont voués à un échec certain.
  • La lutte contre la désertification prend du temps. 
    La question du suivi et de l’évaluation des impacts des actions de lutte de la désertification est fondamentale et pose celle des temps longs nécessaires pour atteindre les objectifs fixés (alors que les projets se situent sur des échelles de temps parfois très – trop ! – courts)…

Enfin, rappelons que la dégradation des terres et la désertification nous concernent tous : habitants du Nord, du Sud, riches ou pauvres, hommes ou femmes… Si rien n’est fait, il est certain que nous allons droit dans le mur !