Rechercher

Comité Scientifique Français de la Désertification

French Scientific Committee on Desertification
CSFD-dossier-3
Facebook
Twitter
LinkedIn

Combattre l’érosion éolienne

Numéro 3
• 44 pp. •
Paru en avril 2011
Auteur(s) : Mainguet Monique

Un volet de la lutte contre la désertification 

L’érosion éolienne est un mécanisme qui peut à lui seul ou en combinaison avec d’autres causes physiques ou socio-économiques aboutir à la désertification, c’est-à-dire à la dégradation sévère ou irréversible des ressources en eau et en sol. Avec une meilleure connaissance de ce phénomène, le modèle des années 1970 qui dissocie 3 phases (causes, mécanismes, conséquences) est obsolète compte-tenu des nombreuses rétroactions générées et des liens insidieux qu’elles entretiennent. Un combat efficace contre les méfaits de l’érosion éolienne exige de déceler dans le temps les seuils de déclenchement à l’aide des outils de télédétection (images satellites et photographies aériennes), de limiter et de localiser dans l’espace les phénomènes observés. Toute intervention sur le terrain ne peut-être efficace sans connaissance préalable des mécanismes de l’érosion éolienne à l’interface sol-atmosphère.

À l’interface sol-atmosphère, les actions éoliennes s’organisent en unités dynamiques d’échelle continentale appelées Système Global d’Action Éolienne (SGAE) -couvrant le Sahara et le Sahel- ou régionale (balayant l’Égypte du nord au sud), appelées Système Régional d’Action Éolienne (SRAE), dans lesquelles l’homme interagit par ses activités. Un SGAE se divise en trois aires (aires de départ de particules, de transport éolien, d’accumulation), chacune pouvant se retrouver en plusieurs points du SGAE.

La lutte contre la menace éolienne, qui s’exprime notamment contre l’appauvrissement en particules d’argile, de limons ou de sable et, à l’inverse, contre l’ensablement, doit prendre en compte le bilan sédimentaire, le type d’édifice dunaire et faire la différence entre : -la mobilité dans les aires sources où les particules meubles doivent être bloquées ; -la mobilité dans les aires de transport où le courant éolien doit être dévié pour éviter l’ensevelissement des infrastructures humaines et -la mobilité dans les aires de dépôt où c’est l’excès d’ensablement qui est en cause.

La première étape replace le site à protéger dans le SGAE ou dans le SRAE, en tenant compte de la topographie et du type de dune ou de sable mobile et aboutit à estimer la superficie à stabiliser ou à protéger. La seconde étape est la phase opératoire visant à réduire la vitesse du vent à la surface du sol par des stratégies mécaniques et biologiques. La réussite des programmes de lutte suppose l’utilisation et la valorisation des spécificités écologiques et humaines locales pour minimiser les coûts et rendre les solutions viables pour les communautés.